Le régime cétogène : une nouvelle étude remet en cause ses bénéfices !

Feb 12, 2019 par

Le régime cétogène, basé sur une alimentation riche en lipides et pauvre en glucides, rencontre depuis une dizaine d’années un engouement important pour perdre du poids mais aussi, faire reculer certains symptômes de maladies. Une étude scientifique de l’INSERM vient de remettre en cause ses bénéfices. Eclairage.

Le régime cétogène

Le régime cétogène en bref

Le régime cétogène ou keto a été développé dès 1920 pour prévenir les crises convulsives des personnes épileptiques.

Cette diète, sans restriction des calories, consiste à consommer :

  • 20 % de protéines (la normale) ;
  • 75% de lipides ;
  • 5% de glucides simples ou complexes (sucres, pains, fruits, féculents, céréales).

En comparaison, une alimentation normale couvre l’apport calorique journalier avec 45% à 65% de glucides simples et complexes. Cette reprogrammation de l’organisme lui impose de puiser ses réserves énergétiques dans le glycogène (molécule complexe composée d’unités de glucoses) du foie et des muscles puis au niveau des lipides et des matières grasses.

Progressivement, l’organisme catabolise les matières grasses et arrive à l’état de cétose : une accumulation des corps cétoniques, les produits de dégradation des lipides. Cet état peut être vérifié par l’usage de bandelettes urinaires et une haleine typique qui sent légèrement l’acétone.

Hormis la perte de poids, le régime cétogène pourrait améliorercertains symptômes du diabète de type 2, des maladies cardiovasculaires, de l’épilepsie, de maladies neurodégénératives ou encore de maladies auto-immunes comme le psoriasis.

Remise en cause de l’innocuité du régime Keto

Jusqu’ici, on pensait que ce régime qui impacte le métabolisme des lipides comportait davantage de bénéfices que de dangers pour l’équilibre de l’organisme. Même s’il peut entraîner une dénutrition (manque de fibres, vitamines, antioxydant, minéraux) qui est corrigée par des compléments alimentaires, il permet de perdre du poids sans restriction calorique tout en ayant des effets positifs sur la pression artérielle et la lipidémie (bon cholestérol, triglycérides).

Pour vérifier plus profondément son innocuité, des chercheurs de l’INSERM (Université Claude Bernard de Lyon) et de l’Université de Lodz en Pologne ont observé les effets du corps cétonique principal, le bêta-hydroxybutyrate, sur des lignées de cellules humaines en culture. Et notamment, des cellules endothéliales, ces cellules qui recouvrent la paroi interne des vaisseaux sanguins.

Résultats ?

Le bêta-hydroxybutyrate, issu de la dégradation des acides gras, ne possède pas d’activité antiinflammatoire mais, au contraire une activité légèrement pro-inflammatoire.

En parallèle, les chercheurs ont mis en évidence que ce corps cétonique modifiait des molécules qui se liaient à l’ADN de manière inédite. Pour cause, les chercheurs ne savent pas encore quels sont les effets de ces modifications sur l’expression des gènes. Jusqu’ici, on pensait que le corps cétonique protégeait l’ADN du stress oxydatif.

Les chercheurs appellent donc à la plus grande vigilance auprès des cliniciens instaurant ce régime auprès de certains de leurs patients et soulignent qu’il faut désormais approfondir ces travaux pour montrer quels sont ses véritables effets sur l’organisme.

Julie P., Journaliste scientifique

– Les controverses biochimiques du régime cétogène. INSERM. Consulté le 7 février 2019.
Julie P.
Journaliste scientifique.
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