Le beurre, bon ou mauvais pour la santé ?

Dec 30, 2016 par

Beurre nocif ou pas

Chaque français consomme près de 8 kg de beurre par an. Souvent décrié pour son fort apport en graisses saturées, le beurre serait-il si mauvais pour la santé ? Pas si sûr selon une récente étude.

Beurre et santé

Le Programme National Nutrition Santé recommande d’éviter les aliments riches en graisses saturées comme le beurre. Il est préférable de remplacer les graisses d’origine animale par des huiles végétales non hydrogénées contenant de fortes teneurs en acides gras insaturés (en particulier les oméga-3 et les oméga-6).

A savoir ! Les huiles végétales non hydrogénées sont les huiles végétales non transformées après leur extraction. La plupart des huiles végétales (tournesol, olive, colza, noix, pépins de raisin, …) renferment des teneurs intéressantes en oméga-3 et oméga-6 (acides gras connus pour leurs effets protecteurs sur le système cardiovasculaire ou le cerveau). Pour garantir des apports optimaux en acides gras insaturés, il est conseillé de diversifier les huiles dans l’alimentation.

Cependant, la plupart des études portant sur les effets du beurre et des produits laitiers sur la santé ont des résultats peu clairs. La consommation des produits laitiers ne s’avère pas toujours nocive. Ainsi, des études ont mis en évidence que les yaourts et probablement le fromage pourraient avoir des effets bénéfiques contre le diabète. Le lait, qu’il soit entier ou demi-écrémé, n’aurait lui que peu d’impact sur cette pathologie. Et pour le beurre, qu’en est-il précisément ?

Le beurre, mauvais coupable ?!

Afin d’évaluer l’effet de la consommation de beurre sur la mortalité, les maladies cardiovasculaires et le diabète, une équipe de recherche a compilé les résultats de 9 études, réalisées entre 2005 et 2015 dans 9 pays (Allemagne, Danemark, Espagne, Finlande, France, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suède et USA). Au total, les analyses portent sur une population de 636 000 personnes, âgées de 44 à 71 ans, et sur la survenue de :

  • 28 271 décès toutes causes confondues ;
  • 9 783 accidents cardiovasculaires (infarctus du myocarde, accidents vasculaires cérébraux) ;
  • 23 954 cas de diabète de type 2.

Au sein de cette population, la consommation moyenne quotidienne de beurre variait de 4,5 grammes à 46 grammes. Quel que soit le niveau de consommation, l’analyse de ces études met en évidence un impact nul ou faible du beurre sur la santé :

  • Le beurre augmenterait légèrement la mortalité toutes causes confondues.
  • Le beurre n’aurait aucune incidence sur les accidents cardiovasculaires.
  • Le beurre aurait un faible effet protecteur contre le diabète de type 2.

Le beurre n’altérerait donc pas la santé à long terme. Des résultats assez surprenants pour un aliment largement décrié par les nutritionnistes.

Du beurre contre le diabète

Les graisses saturées sont connues pour augmenter le taux de mauvais cholestérol (LDL-cholestérol), facteur de risque cardiovasculaire majeur. Pourquoi le beurre n’augmente-t-il alors pas le risque cardiovasculaire ? Les auteurs de l’étude mettent en avant que le beurre est certes riche en graisses saturées, mais qu’il renferme également d’autres composés qui pourraient contrebalancer l’effet négatif de ces graisses :

  • Du calcium qui facilite la dissolution des graisses, réduit la pression artérielle et la prise de poids ;
  • De la vitamine D, qui limite les troubles lipidiques et améliore la régulation de la pression artérielle ;
  • Des acides gras particuliers.

Par ailleurs, le beurre semble montrer un effet protecteur contre le diabète. Substituer quotidiennement 8 g d’huile d’olive par la même quantité de beurre pourrait réduire le risque de diabète de type 2 de près de 8%. A nouveau, les teneurs en calcium et en vitamine D du beurre seraient capitales dans cet effet du beurre sur le diabète.

Les auteurs recommandent la poursuite des recherches pour analyser plus précisément l’effet du beurre sur la santé, et en particulier sur le diabète. Sans vouloir à tout prix le radier de notre spectre alimentaire, il serait sans doute plus judicieux de définir quelle devrait être sa place dans les apports quotidiens en produits laitiers. Des arguments plutôt en faveur d’une petite noix de beurre !

Estelle B. / Docteur en Pharmacie


Sources :

Pimpin,  L. Is Butter Back? A Systematic Review and Meta-Analysis of Butter Consumption and Risk of Cardiovascular Disease, Diabetes, and Total Mortality. 2016. PLoS ONE 11(6): e0158118. doi:10.1371/journal.pone.0158118

Estelle B.
Pharmacienne
Spécialiste de l'information médicale et de l'éducation thérapeutique du patient.
Passionnée par les domaines de la santé et de l'environnement marin.
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