Perte de poids : l’hormone de croissance fait de la résistance

May 7, 2019 par

Pour certaines personnes obèses ou en surpoids, la perte de poids est un véritable calvaire. Malgré leurs efforts constants, les kilos perdus finissent toujours par revenir. Des chercheurs brésiliens ont peut être trouvé l’une des explications à cette énigme : l’hormone de croissance obligerait l’organisme à économiser ses ressources énergétiques lorsque l’apport calorique est faible.

Hormone de croissance symbolisée par une plante

L’influence de la leptine sur la faim

Depuis quelques années, les scientifiques comprennent mieux la complexité de l’obésité. Pour certains patients, les régimes hypocaloriques sont insuffisants pour obtenir une perte de poids durable.

Pour mieux comprendre les dysfonctionnements de la gestion des calories, les scientifiques investissent la piste hormonale. Ils ont déjà découvert que hormone nommée leptine joue un rôle clef dans la réponse de l’organisme face à une perte de poids.

À savoir ! La leptine (du grec leptos, mince) ou hormone de la satiété est une hormone digestive peptidique qui régule les réserves de graisses dans l’organisme et l’appétit en contrôlant la sensation de satiété. C’est une hormone anorexigène. Elle est sécrétée par le tissu adipeux et d’autres tissus tels que l’estomac, le muscle squelettique, la moelle osseuse.

En perdant du poids, les cellules adipeuses produisent moins de leptine nous rendant alors plus susceptibles à la faim.

Certaines personnes ont une résistance à la leptine (mutation sur le gène DB par exemple) et en étant ainsi insensibles à cette hormone, ils ressentent plus souvent la faim et développent une obésité extrême. C’est comme si leur boucle de contrôle de la satiété était déprogrammée.

Malgré la mise à jour de ce rôle clef de la leptine, les scientifiques n’arrivent pas à mettre en place une thérapie adaptée pour parvenir à une perte de poids durable. La pièce manquante du puzzle est peut-être la découverte récente de l’équipe de José Donato Junior de l’université de Sao Paulo.

“Les récepteurs de l’hormone de croissance se trouvent en grande quantité dans les muscles, dans le foie et dans les organes directement impliqués dans le métabolisme de la croissance. Nous avons découvert que le cerveau est également rempli de récepteurs. C’est tout à fait nouveau” souligne José Donato Jr.

L’hormone de croissance fait de la rétention de calories

L’innovation des chercheurs est d’avoir révélé l’existence de récepteurs à l’hormone de croissance dans l’hypothalamus.

À savoir ! L’hypothalamus est une structure du cerveau qui régule le système nerveux autonome incluant, par exemple, les fonctions de respiration et de digestion. L’hypothalamus joue un rôle important dans le contrôle de l’homéostasie énergétique c’est-à-dire la régulation de la dépense énergétique et de l’apport alimentaire.

Leurs analyses sur des cellules in vitro et sur le rat permettent de décrypter le mécanisme cérébral en jeu : une fois activés par l’hormone de croissance, des récepteurs situés sur des neurones spécifiques connus pour libérer l’AgRP, s’activent.

À savoir ! Le neuropeptide AgRP (Agouti-Related Protein) contrôle la prise alimentaire en stimulant l’appétit. On parle d’hormone oréxigène. Elle contrôle aussi le devenir des nutriments au niveau des organes comme le pancréas, le foie ou les muscles. Les chercheurs ont montré que des souris déficientes en neurones AgRP et nourries avec un régime normal deviennent obèses. Par contre, lorsqu’elles sont nourries avec un régime riche en lipides, elles améliorent leur métabolisme du glucose.

En modifiant génétiquement des souris pour qu’elles soient dépourvues de ce récepteur de l’hormone de croissance sur leurs neurones à AgRP, les chercheurs ont mis en évidence, comparativement aux souris normales, une économie d’énergie moins forte après l’ingestion d’un repas hypocalorique. Ainsi, les souris modifiées génétiquement ont perdu plus de poids au cours de l’étude.

Les chercheurs ont observé les mêmes conclusions lorsqu’ils administrent à des souris saines un médicament appelé pegvisomant qui bloque ces récepteurs de l’hormone de croissance. C’est notamment une molécule utilisée chez les personnes souffrant d’acromégalie, une maladie caractérisée par un excès d’hormone de croissance.

Finalement, ces expériences montrent que l’hormone de croissance influence les mécanismes métaboliques de rétention calorique lorsque nous avons faim ou que nous suivons un régime alimentaire.

Une question de survie

“En d’autres termes, nous avons découvert que la perte de poids (donc la restriction calorique) entraînait une augmentation du taux d’hormone de croissance dans l’hypothalamus, ce qui active les neurones AgRP, ce qui rend la perte de poids plus difficile et intensifie le sentiment de faim. C’est exactement la même fonction que la leptine” commente José Donato.

Cette réponse de l’organisme s’explique par le fait que, pour les organismes vivants, l’économie de l’énergie est cruciale pour la survie. Dans une situation de privation de nourriture, l’organisme, par la voie de la leptine ou de l’hormone de croissance, va économiser les calories.

Pour les chercheurs, les composés qui ciblent les récepteurs de l’hormone de croissance pourraient représenter une approche prometteuse pour faciliter la perte de poids et améliorer l’efficacité de la prise en charge de l’obésité et des maladies associées.

Julie P., Journaliste scientifique

– Study identifies a hormone that may hinder weight loss : medicalnewstoday.
– Growth hormone regulates neuroendocrine responses to weight loss via AgRP neurons. Nature. I.C.Furigo et al. Consulté le 2 mai 2019.
Julie P.
Journaliste scientifique.
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