Halte aux dangers de la sédentarité !

May 20, 2020 par

La période de confinement que nous venons d’expérimenter a bouleversé nos habitudes de vie. Preuves en sont le manque d’activité physique et la position assise prolongée (télétravail ou canapé) qui ont mis notre métabolisme à rude épreuve. La sédentarité ne serait donc pas sans danger. Explications.

Sédentarité : Personne allongée sur son canapé, le pied sur le coussin.

Des études scientifiques inspirées des modèles spatiaux

Ennemi peu connu de notre santé, la sédentarité représente la 4e cause de mortalité dans le monde. Passer chaque jour de longues heures assis devant son ordinateur ou sur son canapé ne provoque pas que des maux de dos. C’est en effet l’ensemble de notre métabolisme qui s’en trouve bouleversé, comme en témoigne Audrey Bergouignan, physiologiste à l’institut pluridisciplinaire Hubert Curien. La scientifique s’est intéressée à des études portant sur les effets de l’inactivité physique et de la sédentarité.

À savoir ! L’inactivité physique désigne le fait de ne pas pratiquer de sport alors que la sédentarité signifie passer trop de temps assis.

Ces études scientifiques internationales, financées par des agences spatiales et dont certaines sont conduites à la clinique de l’espace basée à Toulouse, ont pour objectif d’analyser les effets de la sédentarité sur un ensemble de paramètres de santé (masse musculaire, densité osseuse, hormones, nutrition et métabolisme). Ces études s’appuient sur deux types de modèles :

  • Le modèle de l’alitement prolongé : qui consiste à recréer les effets de la microgravité sur Terre à travers une position allongée permanente, pouvant durer de 3 semaines à 3 mois d’affilée.
  • Le modèle de l’immersion sèche : plus inconfortable, il s’applique sur des périodes plus courtes allant de 3 à 5 jours et a recours à des sortes de lits à eau qui donnent au corps la sensation d’absence complète d’appui.

Sédentatiré : des dangers avérés pour la santé

Les résultats de ces études portent essentiellement sur l’utilisation des lipides et des sucres par l’organisme. La sédentarité semble en effet avoir deux principaux effets pour le moins préoccupants :

  • Une hyperlipidémie : c’est-à-dire une augmentation du taux de lipides dans le sang avec une incapacité du corps à brûler les lipides en question. Lorsque l’on est inactif, l’organisme utilise préférentiellement les glucides pour produire l’énergie dont il a besoin, et a tendance à moins brûler les lipides qui s’accumulent alors dans les tissus adipeux voire d’autres tissus.
  • Une insulino-résistance : c’est-à-dire une résistance aux effets de l’insuline, observée après seulement 3 jours !

À savoir ! L’insuline désigne l’hormone chargée de donner au corps le signal d’utiliser les glucides en circulation dans le sang. L’insulino-résistance précède le pré-diabète et le diabète de type 2.

« Chez ces personnes minces et en bonne santé, on observe au bout de quelques jours seulement des dérèglements métaboliques identiques à ceux observés chez les personnes diabétiques ou obèses », explique la chercheuse qui précise néanmoins que l’hyperlipidémie, et la baisse de sensibilité du corps à l’insuline seront réversibles si l’arrêt de l’activité physique ne dure que quelques semaines.

Pour le démontrer, les études scientifiques ont analysé les conséquences d’un changement dans les habitudes de vie de personnes physiquement actives et en bonne santé :

  • Arrêt de toute activité sportive pendant un mois ;
  • Utilisation privilégiée de l’ascenseur ou de la voiture pour des petits trajets ;
  • Activité de marche abaissée de 12 000 à 2 000 pas quotidiens.

« Au bout de dix jours, on voit s’enclencher les effets nocifs de l’immobilité – changement d’utilisation des lipides, moindre sensibilité à l’insuline –, avec une très forte corrélation entre le niveau d’inactivité et ces deux paramètres », décrit Audrey Bergouignan. « Ce paradigme de l’astronaute, qui durant ses missions est à la fois extrêmement sédentaire et très sportif, c’est le même que celui de l’employé de bureau, qui passe ses journées assis et va courir le weekend », explique la chercheuse.

Ainsi, selon Audrey Bergouignan, passer une heure de plus assis chaque jour augmenterait de 22 % le risque de devenir diabétique et de 30 % le risque d’être obèse. »

Les vertus de l’activité physique fractionnée

D’après la chercheuse, contrer les méfaits de la sédentarité pour prendre soin de son capital santé nécessite donc à la fois d’augmenter son activité physique et de diminuer le temps passé assis.

Pour vérifier cette thèse, la chercheuse a constitué deux groupes de personnes sédentaires en surpoids qui ont dû s’astreindre à 45 minutes de marche rapide par jour durant un mois :

  • Le premier groupe devait faire 45 minutes de marche quotidienne en une seule séance.
  • Le second groupe devait fractionner ces 45 minutes tout au long de la journée, en se levant par exemple de son bureau toutes les heures pour faire 5 minutes de marche rapide.

La chercheuse a pu observer les résultats suivants chez l’ensemble des participants de l’étude :

  • Moins de fatigue ressentie et meilleure humeur ;
  • Appétit réduit au cours de la journée ;
  • Augmentation de la dépense énergétique.

Les personnes ayant fractionné leur activité physique ont également montré :

  • Une meilleure capacité à utiliser les lipides ;
  • Une amélioration du contrôle du sucre dans le sang sensiblement meilleur après un mois.

L’activité physique fractionnée tout au long de la journée semble donc être plus avantageuse pour atténuer les méfaits de la sédentarité : « C’est une bonne nouvelle pour les personnes qui ne sont pas sportives et un message important à faire passer dans le contexte actuel de confinement », affirme la physiologiste.

Faire le ménage, privilégier les escaliers, tous les moyens sont donc bons pour réduire le temps que nous passons assis durant la journée !

Déborah L., Docteur en Pharmacie

– Peut-on contrer les méfaits de la sédentarité. CNRS. Consulté le 15 mai 2020.
Deborah L.
Pharmacienne.
Spécialisée dans les domaines de la santé, de la nutrition et de la cosmétologie.
Passionnée par l'écriture, elle sait allier la rigueur scientifique à la beauté de notre langue.
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